Un imam bénévole

Un imam bénévole à la mosquée de la Concorde

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L'imam de la mosquée de la Concorde, Mohamed Djeghloul, et le porte-parole de l'association du même nom, Abdelkader Henni.

L'imam de la mosquée de la Concorde, Mohamed Djeghloul, et le porte-parole de l'association du même nom, Abdelkader Henni.

Il y avait la mosquée historique « Essalam » (la paix). Il y a dorénavant, et c'est officiel, la mosquée de la Concorde.

Près d'un an et demi après son installation au bord de la D910 (ex-N10), cette seconde mosquée ouverte par un courant dissident de la mosquée « officielle » annonce avoir acheté les locaux de l'ancien magasin de meubles pour 160.000 € après en avoir été « locataire à titre gracieux pendant un an », précise Abdelkader Henni, porte-parole de l'Association culturelle et cultuelle de la Concorde.

" On n'oblige personne à venir ici, on n'interdit personne d'aller là-bas "

Avec une surface de 1.500 m 2sur deux niveaux (dont 350 m 2pour la salle de prière principale) et un second bâtiment à l'arrière de 900 m 2également sur deux niveaux, cette nouvelle mosquée, qui s'étend sur un terrain de 5.000 m 2, pourrait dans l'absolu recevoir jusqu'à 700 fidèles. « Le vendredi, jour de prière, nous accueillons une centaine de personnes. On poursuit nos travaux de mise en conformité »,indique le porte-parole de l'association, qui ne veut pas donner une image de division de la communauté musulmane.
« On part du principe qu'il y a une forte augmentation de la communauté musulmane à Châtellerault depuis quelques années. On commençait à se marcher sur les pieds. Il fallait une seconde mosquée pour donner le choix. On n'oblige personne à venir ici, comme on n'interdit personne d'aller là-bas. C'est aux fidèles de faire leur choix. Cette mosquée est celle de tous les musulmans. »
Un discours neutre qui n'empêche pas Mohamed Djeghloul de faire une mise au point. Lui, l'ancien imam de la mosquée « officielle » de l'avenue Painelvé (en poste depuis 23 ans), qui avait démissionné à la suite de dissensions internes et des difficultés financières et qui a rejoint la nouvelle mosquée de la Concorde, toujours comme imam.
« On a voulu m'écarter à cause d'un problème d'argent. Mais quand j'ai senti qu'on voulait toucher à ma dignité, j'ai préféré démissionner (été 2012). Ils voulaient un imam gratuit, sans salaire. Quand je suis parti, il restait sur l'un des deux comptes la somme de 27.000 €. Il ne restait pas rien comme certains l'ont dit ! »

Sans reconnaissance financière…

La mosquée de la Concorde se dit « libre, en autonomie… tant que notre imam n'est pas reconnu par la Grande Mosquée de Paris ». « À ce jour, on est adhérent à la Fédération régionale de la Grande Mosquée de Paris du Grand Ouest (FRGMPGO). Notre lien, notre sympathie avec la Grande Mosquée de Paris s'arrête pour l'instant à Angoulême. »
Aujourd'hui, Mohamed Djeghloul est un imam bénévole. « Je vis avec la puissance de Dieu. Mais on va trouver une solution. On n'a pas de reconnaissance financière de la Grande Mosquée de Paris. On a fait une demande auprès de l'Algérie par le biais de la FRGMPGO. On attend une réponse. »

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L'imam condamne l'assassinat de H. Gourdel

Interrogé jeudi, l'imam de la mosquée de la Concorde a déclaré que son prêche de vendredi (hier) aurait notamment pour thème l'assassinat de l'otage français Hervé Gourdel par les djihadistes algériens. Un assassinat que « condamne » Mohamed Djeghloul. « J'ai été choqué qu'on tue un innocent. Nous ne l'acceptons pas. Cela n'a rien à voir avec l'Islam, qui est une religion de paix et de tolérance. Dans le Coran, le djihad n'a pas qu'une signification guerrière mais a aussi une signification spirituelle. Le djihad spirituel, c'est faire des efforts, avoir un bon comportement et lutter contre l'ignorance. »
L'imam ajoute que son sermon sera également tourné vers l'Aïd el-Kébir du samedi 4 octobre puisque « nous entrons dans le temps du pèlerinage qui précède la célébration de cette fête ».

 

Denys Frétier


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